La conférence de Cherchell.
Le HMS Seraph fut "le sous-marin" de toutes les opérations spéciales de 1942 à 1945. Mis en service en 1941 au sein de la Royale Navy, il participa principalement à des opérations de renseignements et de traitements. Nous sommes à l’automne 1942, le Seraph est amarré en Écosse, à la base de Holy Loch, La base des sous-marins Britanniques, dans l’estuaire du Clyde à l’ouest de Glasgow. Le Seraph est commandé par un homme intrépide, le capitaine de Frégate Bill Jewell. Son rôle, cette fois-ci est de transporter une personnalité en toute discrétion sur les côtes africaines, depuis la base britannique de Gibraltar. À son arrivée en Espagne, Gibraltar est en ébullition, les préparatifs de l’opération Torch battent leurs pleins. Le capitaine Jewell connaît bien les environs. Déjà en avril, l’opération Mincemeat, lui a fait côtoyer les mêmes endroits (Nous y reviendrons !) L’opération de ce moment clé de l’histoire consiste ni plus ni moins, à déposer le Général Clark et sa cohorte de suivants sur les sables d’Algérie, au nez et à la barbe des Allemands, rappelons que le Mark. W. Clark est à ce moment-là de l'histoire l’adjoint du général Dwight Eisenhower.
Dans la nuit du 22 au 23 octobre 1942, à Messelmoun, une élégante demeure borde la plage, cette confortable maison est habitée par Jacques Teissier, Français acquis à la cause alliée. La maison est vide, aucun des personnels n’est présent ; à la fenêtre donnant sur la mer, Jacques allume une lampe blanche. Bientôt, au large répond un feu clignotant bref annonçant l’arrivée des invités si particuliers. Avec Teissier, sont présents dans la pièce, Robert Murphy, un lieutenant des gardes côtes qui assure la sécurité et un jeune issus des groupes de résistants qui devront neutraliser Alger le moment venu. On n’entend que le vent et le bruit des vagues, quand apparaissent dans la pénombre, cinq canots sur la crête blanche des rouleaux, Les alliés sont bien là.
On prévient la délégation française composée du général Mast, Jean Girault et du lieutenant-colonel Moïse Jousse. Des commandos chargés de la protection des personnalités sont sur la plage et guident le Général Clark vers la demeure. Clark est venu annoncer le débarquement des troupes américaines très prochainement, chez les Français c’est le coup de massue, tous pensaient que celui-ci aurait lieu au printemps 1943 soit six mois plus tard, car pour les français c'est bien trop tôt, Mast demande presque suppliant :
- mais l’hiver…
Clark lève la main et dit
- ce sera avant l’hiver.
Le général Clark qui est habillé comme un jeune lieutenant-colonel afin de tromper l’ennemi s’il se fait prendre, leur annonce également que le débarquement se fera non seulement au Maroc mais également en Algérie à Oran, mais la capitale Algérienne n'entre pas dans le cadre des opérations (c'est un coup de bluff), les français encaissent le second choc et se demandent pourquoi ne pas prendre Alger d’entrée de jeu. Puis les membres de la délégation française annoncent qu’il faudra au moins trois semaines pour préparer les hommes et le matériel pour le coup d'état et à la prise de pouvoir, Clark ne les contredit pas, sachant que l’opération Torch sera déclenchée 15 jours plus tard.
L’objectif de Clark est de s’assurer que les Français seront bien du côté des alliés au moment des opérations, il fait semblant d’aller dans le sens de la délégation Française et de prendre finalement Alger comme Objectif (ce qui était déjà le cas) et les Français se réjouissent d’avoir fait basculer Clark dans leur sens ! Clark leur fait croire également que la date du débarquement sera décidée conjointement par le Général Girault et les Américains. Les discutions s’éternisent, un petit-déjeuner est servi alors que les cartes et les notes encombrent la table, les Américains ont acquis les conjurés d’Alger à leur cause. Les Américains rembarquent à bord du Seraph et les Français se dirigent vers un déjeuner officiel à Alger avec les membres du gouvernement de Vichy et les Allemands. 15 jours plus tard l’invasion alliée commençait. C’est ainsi que le second personnage le plus important des forces Américaines est venu s’assurer que les Français coopéreraient du mieux possible avec les alliés lors du débarquement en Afrique du Nord. Le général Clark a rejoint Gibraltar et le QG de l’opération Torch sans aucun problème, c’est en cela qu’il fut le premier américain à débarquer en Afrique. Quant au Seraph il est reparti ensuite pour d’autres opérations spéciales, il fut le tout premier sous-marin purement affecté aux actions secrètes de l’Histoire, mais ceci est une autre histoire.